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P.-S. — Il ne faut pas publier mes poèmes en Amérique, décidément ; j’ai encore changé un mot ou deux presque à chacun.

P.-S. pour M. — Ne pas oublier Krishna…




10 mai
Darlings,

Je viens de recevoir un câble. Je serais bien heureuse si je pouvais vraiment croire que vos « very happy » sont littéralement vrais… Au moins, j’espère que Sylvie, quand vous la voyez, vous rend heureux, et qu’elle rit toujours aux éclats.

Les journaux américains ont-ils dit qu’il y a un printemps ici comme il n’y en a pas eu de mémoire d’homme ? Les fleurs du printemps et celles du début de l’été sortent toutes en même temps, toutes les espèces d’arbres fruitiers sont en pleine floraison. Le dimanche, tout Londres se répand dans les parcs. Le ciel est d’un bleu pâle, profond, délicieux.

Et vous, j’espère que vous naviguez sur l’Hudson, que vous faites quelquefois une heure de voyage pour être dans la campagne. Je vous en prie, faites-le. Avez-vous assez d’argent ? Faut-il vous en envoyer un peu ? Je le pourrais facilement, je crois.

Je n’ai pas encore reçu les copies dactylographiées. Mais, darling M., je ne t’avais pas dit de faire le boulot toi-même. Je t’avais dit de le faire faire par la Délégation.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Les quelques copains que j’ai ici sont toujours aussi chics. À part cela je ne vois à peu près personne. Je n’ai malheureusement toujours pas trouvé le temps de pénétrer dans les milieux anglais.