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Les B. sont hors de Londres en vacances. J’ai vu Mme B. peu avant leur départ. Elle est très gentille — mais un peu insulaire (je pense à quelques paroles à propos de la sous-alimentation des enfants du continent). Elle se proposait d’écrire à A.

Je vois aussi Mme R. de temps à autre. Elle parle de vous deux dans les termes les plus touchants. Encore une qui serait heureuse d’avoir son médecin.

Pour la thyroïde du fils de ma propriétaire, je me suis soigneusement abstenue de dire que j’avais fait un diagnostic. Je ne voulais pas risquer une réédition de l’histoire de mon appendicite, vous vous souvenez ? (Vous vous souvenez plus que moi, bien sûr !)

Je suis heureuse de ce que vous dites de la bonne humeur d’A. pendant son séjour à New York. Je craignais qu’il ne soit tombé dans un cafard permanent. Peut-être travaille-t-il un peu de nouveau ?

Antigone a passé par quelques sales moments, c’est vrai. Mais ça n’a pas duré. C’est loin maintenant.

Je me demande s’il y aura vraiment pour vous des chances d’embauche pour l’Afrique du Nord ?

Combien tout est incertain, imprévisible en ce moment… On ne peut vivre qu’au jour le jour. Au moins, darling M., tu ne dois pas t’ennuyer.

Je t’interdis — tu entends ? — de te crever avec tes sacs de perles. Fais-en juste assez pour t’occuper et cesse dès que tu en as marre. Je veux que, quand on se reverra, tu sois toujours fraîche et jeune, et continues à avoir l’air de ma sœur cadette…

Ne vous faites aucun souci. Ni pour mon alimentation. Je vous donne ma parole que je fais des repas réguliers et que vous-mêmes jugeriez très convenables. Ni pour mes vêtements : je ne me laisse manquer de rien.

Au reste, ici, à côté de jours chauds, il y en a beaucoup d’autres où sortir avec des vêtements d’été serait