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Tout Londres attend cela dans une espèce de torpeur et d’étouffement. Ces journées doivent être pénibles dans les usines. Pour moi, n’ayant pas à me remuer, je n’en souffre pas trop.

Vos descriptions de Sylvie me remplissent de joie. Il doit être délicieux d’être auprès d’elle dans un parc. Quand vous y êtes, pensez que j’y suis avec vous… Vous aurez connu, quand même, les joies des grands-parents.

Dites-moi ce que vous lisez en ce moment.

Au revoir, darlings. Je vous serre tous deux dans mes bras encore et encore.

Simone.




12 juillet 43
Darlings,

Je viens de recevoir votre câble. J’espère que vous verrez Antonio[1]. Je ne sais toujours rien à ce sujet.

Reçu une longue lettre de Blanche, très gentille. Voulez-vous la remercier et lui dire que je lui écrirai dès que j’aurai la possibilité et le loisir de lui écrire beaucoup de choses intéressantes ?

(Les dentistes alors, j’imagine, fréquenteront les basses-cours.)

Je pense tout le temps à Sylvie et à son rire ensoleillé. Mais quoique j’éprouve aussi une nostalgie pour les jaunes d’œufs, légumes et fruits que je n’ai pas consommés à cinq mois, et qui maintenant imprimeraient un rythme tellement accéléré à l’opération de noircir du papier que personne ne regardera jamais (sauf vous, peut-être, un jour…), je préfère avoir eu une mère comme la mienne (sans parler du père…), malgré le lait défectueux… Comme aurait dit sentencieusement Mme D., il y a plus d’une espèce de lait.

  1. C’est-à-dire : J’espère que vous irez bientôt en Algérie.