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J’espère qu’on ne lui donne pas de gélatine.

Dites à A. que j’ai eu sous les yeux le rapport sur l’Enseignement dont il me parle. À première vue ça ne m’a pas paru passionnant ; mais je n’ai pas eu le temps de le lire. Je ne sais pas si je pourrai le lui faire envoyer.

Rien d’intéressant ici. Les gens (i. e. nos compatriotes) sont de plus en plus nerveux. Phénomènes mentaux d’émigration. Je reste de plus en plus à l’écart. (Ceci n’implique pas la moindre brouille avec les copains.) C’est beaucoup mieux ainsi.

Fait la connaissance de quelques jeunes Anglaises, très jeunes et très gentilles. C’est intéressant. Mais les occasions de se voir à loisir et de causer sont très, très limitées. C’est le cas partout aujourd’hui.

Au revoir, darlings. Je vous embrasse mille et mille fois.

Simone.




18 juillet 43
Darlings,

Votre description du séjour à Bethlehem, dans votre dernière lettre, m’a fait à la fois beaucoup de peine et beaucoup de plaisir. Beaucoup de peine à cause de la chaleur et autres inconforts ; je vous voudrais tellement environnés seulement de bien-être à tous égards ! En même temps je suis très heureuse que vos lettres ne soient pas des berquinades, où vous ne laisseriez apparaître de votre vie que le rose. Quand les couleurs sont mélangées, on sent que c’est vrai, et on se sent vraiment proches à travers les lettres.

Le plaisir m’a été fourni, bien entendu, par les passages concernant Sylvie. Jamais vous ne pouvez me donner trop de détails sur elle ; je ne m’en lasse pas. Vous n’imaginez pas ce que c’est pour moi. Je suis heureuse à la fois en pensant à elle et aux joies brèves,