Page:Weil - Écrits de Londres et dernières lettres, 1957.djvu/74

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et habilité pour prononcer n’importe quelle peine, y compris la mort.

Pour que cet engagement ait une valeur, le général de Gaulle devrait y joindre celui de ne laisser se constituer dans le pays rien qui puisse ressembler à un groupement organisé de ses partisans. Autrement un jugement risquerait évidemment d’être une comédie.

Il semble bien que l’exercice du pouvoir provisoire, ainsi conçu, implique la renonciation à une carrière politique ultérieure. Le souci d’une carrière ultérieure risquerait d’altérer la pureté totale indispensable à l’exercice du pouvoir provisoire dans des conditions si terribles.

Aussi bien est-il désirable pour la France qu’une fois l’équilibre retrouvé elle soit conduite par un Français qui ait vécu son épreuve sur son sol.

Avoir sauvé l’honneur du pays au moment où il est tombé dans l’esclavage, et sauver le pays lui-même dans la crise effroyable qui suivra immédiatement la libération, cela est infiniment plus beau que toute carrière politique.


Il semble que l’application des mesures esquissées ici conférerait au général de Gaulle le plus haut degré de légitimité que puisse posséder un chef provisoire dans des circonstances exceptionnelles.

Le plébiscite en faveur de la Déclaration fondamentale, sans constituer une manifestation personnelle pour lui, serait interprété en France et à l’étranger comme une marque de confiance.

Comme l’administration locale devrait redevenir immédiatement démocratique, il y aurait tout avantage à ce que le général de Gaulle ait auprès de lui une Assemblée consultative élue au second degré. Cette Assemblée ne devrait avoir à aucun moment la faculté de lui faire quitter le pouvoir, et par suite n’aurait pas à exprimer de confiance ni de défiance. Mais si