obéissance, mais seulement à la manière d’une pierre qui tombe. Leur âme aussi est matière, matière psychique, soumise à un mécanisme aussi rigoureux que celui de la pesanteur. Même leur croyance en leur propre libre arbitre, les illusions de leur orgueil, leurs défis, leurs révoltes, tout cela, ce sont simplement des phénomènes aussi rigoureusement déterminés que la réfraction de la lumière. Considérés ainsi, comme matière inerte, les pires criminels font partie de l’ordre du monde et par suite de la beauté du monde. Tout obéit à Dieu, par suite tout est parfaitement beau. Savoir cela, le savoir réellement, c’est être parfait comme le Père céleste est parfait.
Cet amour universel n’appartient qu’à la faculté contemplative de l’âme. Celui qui aime vraiment Dieu laisse à chaque partie de son âme sa fonction propre. Au-dessous de la faculté de contemplation surnaturelle se trouve une partie de l’âme qui est au niveau de l’obligation, et pour laquelle l’opposition du bien et du mal doit avoir toute la force possible. Au-dessous encore est la partie animale de l’âme qui doit être méthodiquement dressée par une savante combinaison de coups de fouet et de morceaux de sucre.
Chez ceux qui aiment Dieu, chez ceux mêmes qui sont parfaits, la partie naturelle de l’âme est toujours entièrement soumise à la nécessité mécanique. Mais la présence de l’amour surnaturel dans l’âme constitue un facteur nouveau du mécanisme et le transforme.
Nous sommes comme des naufragés accrochés à des planches sur la mer et ballottés d’une manière entièrement passive par tous les mouvements des flots. Du haut du ciel Dieu lance à chacun une corde. Celui qui saisit la corde et ne la lâche pas malgré la douleur et la peur, reste autant que les autres soumis aux poussées des va-