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Page:Weil - Intuitions pré-chrétiennes, 1951.djvu/25

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par ce nom je l’appelle.
Je n’ai rien à comparer, après que j’ai tout pesé,
excepté Zeus, si le vain poids de l’angoisse
doit être rejeté réellement.
.........................

v. 174

Zeus, quiconque, la pensée tournée vers lui, dira sa gloire,
celui-là recevra la plénitude de la sagesse.
Lui qui a mis les mortels dans la voie de la sagesse. « Par la souffrance la connaissance »
est la loi souveraine qu’il a posée.
Elle se distille dans le sommeil, auprès du cœur,
la peine qui est mémoire douloureuse, et même à qui n’en veut pas, vient la sagesse,
C’est de la part des divinités une grâce que cette violence,
les divinités assises au gouvernail sacré.


Zeus ne désigne pas plus une divinité particulière que le mot : Dieu. C’est d’ailleurs la même racine. D’ailleurs on ne sait pas son nom, ce qui, d’après les idées des anciens, pour qui nommer était avoir une emprise, implique qu’on ne peut pas l’atteindre, contrairement aux faux dieux. On peut seulement tourner la pensée vers lui, et cela suffit pour obtenir la perfection.

La « peine qui est mémoire douloureuse », cela signifie, d’après le vocabulaire orphique, le pressentiment de la félicité éternelle, de la destination divine de l’âme. Ce pressentiment se distille goutte à goutte dans le sommeil de l’inconscience ; au moment où on en prend conscience, on est déjà pris par la grâce, et il ne reste qu’à consentir. Ce tableau de l’action de la grâce s’accorde avec le mythe de Coré.