humaine que la force ne peut pas toucher, ni pour la contraindre à s’exercer, ni pour l’en empêcher. C’est la faculté de consentement au bien, la faculté d’amour surnaturel. C’est aussi la seule faculté de l’âme d’où ne puisse procéder aucune brutalité d’aucune sorte. C’est donc le seul principe de justice dans l’âme humaine. L’analogie nous oblige à penser que c’est aussi le principe de la justice divine. Mais comme Dieu est parfaitement juste, il est entièrement Amour.
Cet Amour qui est Dieu lui-même agit pourtant, puisqu’il est Dieu, mais il agit seulement pour autant qu’il obtient un consentement. C’est ainsi qu’il agit sur les âmes des hommes. C’est ainsi même qu’il agit sur la matière, puisque, d’après le Timée, « la nécessité a été vaincue par une persuasion sage ».
Chose plus surprenante pour un dieu, pour celui qui est le roi de tous les dieux, pour le Dieu suprême, il n’agit pas seulement, il subit : (πἁσχειν) (paskhein) veut dire à la fois être modifié, subir, souffrir. De là vient (πἁθημα) (pathêma), le mot grec employé pour désigner la Passion. L’Amour est modifié, subit, souffre, mais non pas par contrainte. C’est donc par consentement.
De nouveau on pense ici à Prométhée. Le mot ἑχών (hekôn) qui désigne le consentement, et par lequel Platon exprime cette justice parfaite qui est le monopole de l’Amour, revient plusieurs fois dans la tragédie d’Eschyle, avec insistance, ou bien est remplacé par des synonymes. Prométhée est allé se ranger contre les Titans auprès de Zeus, ἑχονθ’ ἑχοντι (hekonth’ hekonti) (v. 218), il y est allé volontiers et y a été accueilli volontiers. Plus tard il a accompli volontairement, avec consentement, l’acte qui lui vaut son malheur, ἑχὼν ἑχὼν ἥμαρτον (hekôn hekôn hêmarton) (v. 266), « volontaire, volontaire fut ma