faute ». Malgré ce malheur, jamais il ne fera la volonté de Zeus tant qu’il sera dans les chaînes, mais seulement une fois libre. Cependant la réconciliation avec Zeus viendra. Si on s’en tenait au sens littéral et grossier du récit, on croirait que Prométhée doit obtenir sa liberté par la contrainte d’un chantage, mais en réalité il y aura amitié, réconciliation volontaire, consentie de part et d’autre, εἰς ἀρθμὸν ἐμοὶ καὶ φιλότητα σπεύδων σπεύδοντι ποθ’ ἥξει (eis arthmon emoi kai philôteta speudôn speudonti poth’ hêxei). « Il sera là un jour aspirant à l’union et à l’amitié avec moi qui y aspirerai » (v. 190). Voir plus loin des citations plus étendues.
Cet Amour parfaitement juste qui n’agit et ne subit que par consentement mutuel fait aussi penser au juste parfait de la République, ce juste qui est à tous égards absolument la même chose que la Justice elle-même qui habite de l’autre côté du ciel, ce juste qui doit normalement être enchaîné, fouetté et crucifié. (Voir citations plus loin.)
Enfin, ce à quoi, bien entendu, fait penser principalement cet Amour, qui est Dieu, et qui néanmoins souffre, mais non pas par force, c’est le Christ.
Remarquer que si on met ensemble le juste parfait, qui est un homme et que le supplice de la crucifixion fait mourir, et Prométhée qui est un dieu immortel, et qu’une tradition rappelée par Hésiode regardait comme perpétuellement crucifié, on obtient l’analogie de la double conception du sacrifice du Christ, sacrifice qui a été consommé une fois, mais qui par la messe se renouvelle perpétuellement jusqu’à la fin du monde.
Les rapprochements entre le juste parfait, Prométhée, Dionysos, l’Âme du Monde, d’une part, et d’autre part l’Amour, font apparaître sous tous ces noms une seule et