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qu’il y a autre chose. Dans le mythe de la caverne, le dernier objet de contemplation, immédiatement avant le soleil, est la lune. La lune est le reflet, l’image du soleil. Le soleil étant le bien, il est naturel de supposer que la lune est le beau. En disant que celui qui a atteint le beau est à peu près arrivé, Platon suggère que le beau suprême est Fils de Dieu,

Dans la mythologie grecque, le beau absolu est l’Aphrodite céleste.

(Soit dit en passant, l’usage de la lune comme symbole du Fils convient d’autant mieux que la lune subit une diminution, une disparition, puis renaît ; ainsi elle convient aussi comme symbole de la Passion. Certains détails du mythe d’Osiris s’expliquent ainsi. Un taureau représente Osiris, à cause des cornes du croissant lunaire. Son corps est divisé en quatorze morceaux, et quatorze est le nombre des jours qui séparent la pleine lune de la nouvelle lune. Isis en rassemble treize, et treize est le nombre des mois lunaires dans l’année. Quant à Isis, elle est identique à Déméter, la divinité maternelle dont le symbole est la terre. Plutarque dit aussi qu’Osiris est le principe de l’humidité qui féconde, de la sève, rôle que les anciens attribuaient à la lune. Zagreus, d’autre part, est appelé par Nonnos le nouveau-né cornu qui monte au trône de Zeus et saisit la foudre. Les Titans le prennent au piège, les Titans sont douze et en comparant leurs noms dans Hésiode avec les signes du Zodiaque on trouve plusieurs correspondances. Pour leur échapper, il prend plusieurs formes, la dernière est celle d’un taureau, c’est-à-dire de nouveau une forme cornue. Sous cette forme, les Titans le tuent. Cette histoire peut facilement s’appliquer aux phases de la lune. Sophocle appelle Dionysos : « Feu, chef du chœur des astres qui respirent, gardien