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PRINCIPES D’UN PROJET
POUR UN RÉGIME INTÉRIEUR NOUVEAU
DANS LES ENTREPRISES INDUSTRIELLES
(1936-1937 ?)



Nous nous trouvons en ce moment dans un état d’équilibre social instable qu’il y a lieu de transformer, si possible, pour une certaine période, en un équilibre stable. Malgré l’opposition qui existe entre les objectifs et les aspirations des deux classes en présence, cette transformation est en ce moment conforme à l’intérêt des deux parties. La classe ouvrière a un intérêt vital à assimiler ses conquêtes récentes, à les fortifier, à les implanter solidement dans les mœurs. Seuls quelques fanatiques irresponsables, d’ailleurs sans influence, peuvent désirer dans la période actuelle précipiter sa marche en avant. Les patrons soucieux de l’avenir prochain de leurs entreprises ont eux aussi intérêt à cette consolidation. Ils ne pourraient revenir à l’état de choses d’il y a un an qu’au prix d’une lutte acharnée qui causerait beaucoup de dégâts, qui ruinerait beaucoup d’entreprises, qui tournerait peut-être à la guerre civile, et qui aurait cinquante pour cent de chances d’aboutir à la dépossession définitive du patronat. D’autre part un ordre nouveau, même s’il comporte de leur part certaines concessions importantes, serait de beaucoup préférable pour les patrons au désordre qui, s’il faut les croire, règne actuellement dans un certain nombre d’entreprises, et à l’incertitude qui les exaspère. Dans ces limites précises et sur cette base on peut concevoir pour une certaine période une collaboration constructive entre les éléments sérieux et responsables de la classe ouvrière et du patronat.

L’élaboration d’un nouveau régime intérieur des entreprises pose un problème dont les données sont déterminées en partie par le régime actuel, mais qui, dans son essence,