Page:Weil - La Pesanteur et la Grâce, 1948.djvu/221

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L’esprit succombant sous le poids de la quantité n’a plus d’autre critérium que l’efficacité.

La vie moderne est livrée à la démesure. La démesure envahit tout : action et pensée, vie publique et privée. De là, la décadence de l’art. Il n’y a plus d’équilibre nulle part. Le mouvement catholique est partiellement en réaction là-contre : les cérémonies catholiques du moins, sont restées intactes. Mais aussi sont-elles sans rapport avec le reste de l’existence.

Le capitalisme a réalisé l’affranchissement de la collectivité humaine par rapport à la nature. Mais cette collectivité a pris par rapport à l’individu la succession de la fonction oppressive exercée auparavant par la nature.

Cela est vrai même matériellement. Le feu, l’eau, etc. Toutes ces forces de la nature, la collectivité s’en est emparée.

Question : peut-on transférer à l’individu cet affranchissement conquis par la société ?