Page:Weil - La Source grecque, 1953.djvu/28

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Mais Achille
En pleurant s’assit loin des siens, à l’écart,
Au bord des vagues blanchissantes, le regard sur la mer vineuse.


Agamemnon a humilié Achille de propos délibéré, pour montrer qu’il est le maître :


Comme cela, tu sauras
Que je peux plus que toi, et tout autre hésitera
À me traiter d’égal et à me tenir tête.


Mais quelques jours après le chef suprême pleure à son tour, est forcé de s’abaisser, de supplier, et il a la douleur de le faire en vain.

La honte de la peur non plus n’est pas épargnée à un seul des combattants. Les héros tremblent comme les autres. Il suffit d’un défi d’Hector pour consterner tous les Grecs sans aucune exception, sauf Achille et les siens qui sont absents :


Il dit, et tous se turent et gardèrent le silence ;
Ils avaient honte de refuser, peur d’accepter.


Mais dès qu’Ajax s’avance, la peur change de côté :


Les Troyens, un frisson de terreur fit défaillir leurs membres ;
Hector lui-même, son cœur bondit dans sa poitrine ;
Mais il n’avait plus licence de trembler, ni de se réfugier


Deux jours plus tard, Ajax ressent à son tour la terreur :


Zeus le père, de là-haut, dans Ajax fait monter la peur.
Il s’arrête, saisi, derrière lui met le bouclier à sept peaux,
Tremble, regarde tout égaré la foule, comme une bête


À Achille lui-même il arrive une fois de trembler et de gémir de peur, devant un fleuve, il est vrai, non devant un homme. Lui excepté, absolument