Page:Weil - Lettre à un religieux, 1951.djvu/52

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mas a complètement tort. De plus l’Église, en ajoutant à la Trinité, à l’Incarnation et à la Rédemption d’autres articles de foi, est allée contre le Nouveau Testament. Pour suivre saint Jean, elle n’aurait jamais dû excommunier que les « docéistes », ceux qui nient l’Incarnation. La définition de la foi par le catéchisme du Concile de Trente (croyance ferme en tout ce qu’enseigne l’Église) est très loin de celle de saint Jean, pour qui la foi était purement et simplement la croyance en l’Incarnation du Fils de Dieu dans la personne de Jésus.

Tout se passe comme si avec le temps on avait regardé non plus Jésus, mais l’Église comme étant Dieu incarné ici-bas. La métaphore du « Corps mystique » sert de pont entre les deux conceptions. Mais il y a une petite différence : c’est que le Christ était parfait, au lieu que l’Église est souillée de quantité de crimes.

La conception thomiste de la foi implique un « totalitarisme » aussi étouffant ou davantage que celui de Hitler. Car si l’esprit adhère complètement, non seulement à tout