Page:Weil - Lettre à un religieux, 1951.djvu/53

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ce que l’Église a reconnu comme étant de foi stricte, mais encore à tout ce qu’elle reconnaîtra jamais comme tel, l’intelligence doit être bâillonnée et réduite à des tâches serviles.

La métaphore de « voile » ou de « reflet » appliquée par les mystiques à la foi leur permet de sortir de cet étouffoir. Ils acceptent l’enseignement de l’Église, non pas comme étant la vérité, mais comme étant quelque chose derrière quoi on trouve la vérité.

Cela est très loin de la foi définie par le catéchisme du Concile de Trente. Tout se passe comme si, sous la même dénomination de christianisme et à l’intérieur de la même organisation sociale, il y avait deux religions distinctes, celle des mystiques et l’autre.

Je crois que la première est la vraie, et que la confusion des deux a eu à la fois de grands avantages et de grands inconvénients.

D’après la phrase de saint Jean, l’Église n’a jamais eu le droit d’excommunier quiconque croyait vraiment que le Christ