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Page:Weil - Lettre à un religieux, 1951.djvu/64

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sont seuls authentiques et tous les autres mensongers, ou qu’ils sont seuls causés par Dieu et tous les autres par le démon, c’est un expédient misérable. Car c’est une affirmation arbitraire, et dès lors les miracles ne prouvent rien ; ils ont eux-mêmes besoin d’être prouvés, puisqu’ils reçoivent du dehors un cachet d’authenticité.

On peut en dire autant des prophéties et des martyres.

Quand le Christ invoque ses « χάλα ἔργα », il n’y a pas de raison de traduire par miracles. On peut aussi bien traduire « bonnes œuvres », « belles actions ».

Telle que je la comprends, la pensée du Christ était qu’on devait le reconnaître pour saint parce qu’il faisait perpétuellement et exclusivement le bien.

Il a dit : « Sans mes œuvres, ils seraient sans péchés », mais aussi, et en mettant les deux choses sur le même plan : « Sans mes paroles, ils seraient sans péché. » Or ses paroles n’étaient nullement miraculeuses, seulement belles.

La notion même de miracle est occidentale et moderne ; elle est liée à la concep-