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Page:Weil - Lettre à un religieux, 1951.djvu/68

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que les larmes soient un phénomène si ordinaire, les larmes d’un saint en état de contemplation authentique sont surnaturelles.

En ce sens et en ce sens seulement les miracles d’un saint sont surnaturels. Ils le sont au même titre que tous les effets matériels de la charité. Une aumône accomplie par charité pure est un prodige aussi grand que la marche sur les eaux.

Un saint qui marche sur les eaux est de tout point analogue à un saint qui pleure. Dans les deux cas il y a un mécanisme psycho-physiologique dont un rouage est la charité — là est le prodige, que la charité puisse être un rouage d’un tel mécanisme — et qui a un effet visible. L’effet visible est dans un cas la marche sur les eaux, dans l’autre cas les larmes. Le premier est plus rare. C’est la seule différence.

Y a-t-il certains faits que la chair seule ne peut jamais produire, mais seulement des mécanismes où entre comme rouage soit l’amour surnaturel, soit la haine démoniaque ? La marche sur les eaux est-elle de ce nombre ?