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Page:Weil - Lettre à un religieux, 1951.djvu/67

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trement on est forcé d’avoir recours à des artifices qui tous reviennent à nier le fait même du malheur des innocents ; et par suite à fausser toute intelligence de la condition humaine et le noyau même de la conception chrétienne.

Les faits dits miraculeux sont compatibles avec la conception scientifique du monde si on admet comme postulat qu’une science suffisamment avancée pourrait en rendre compte.

Ce postulat ne supprime pas la liaison de ces faits avec le surnaturel.

Un fait peut être lié au surnaturel de trois manières.

Certains faits peuvent être des effets ou de ce qui se produit dans la chair, ou de l’action du démon sur l’âme, ou de l’action de Dieu. Ainsi un homme pleure de douleur physique ; à côté de lui un autre pleure en pensant à Dieu avec un amour pur. Dans les deux cas, il y a des larmes. Ces larmes sont les effets d’un mécanisme psycho-physiologique. Mais dans un des deux cas un rouage de ce mécanisme est surnaturel ; c’est la charité. En ce sens, quoi-