Aller au contenu

Page:Weil - Lettre à un religieux, 1951.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

résurrection, sans l’anathème lancé par un concile.

D’autre part, si l’Église ne met pas au point une doctrine satisfaisante des faits dits miraculeux, beaucoup d’âmes se perdront par sa faute à cause de l’incompatibilité apparente entre la religion et la science. Et beaucoup d’autres se perdront parce que, croyant que Dieu entre fréquemment dans le tissu des causes secondes pour produire des faits particuliers avec une intention particulière, ils lui imputent la responsabilité de toutes les atrocités où Il n’intervient pas.

La conception courante des miracles, ou bien empêche l’acceptation inconditionnée de la volonté de Dieu, ou bien oblige à s’aveugler sur la quantité et la nature du mal qui existe dans le monde — chose facile, évidemment, au fond d’un cloître ; et même dans le monde à l’intérieur d’un milieu restreint.

Aussi remarque-t-on chez beaucoup d’âmes pieuses et même saintes une puérilité déplorable. Le livre de Job pourrait n’avoir jamais été écrit, tant la condition