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I

PERSPECTIVES


Ébauches


Pages 15-20. — [Il ne faut pas oublier qu’à plusieurs] reprises, et notamment lors de la grève des transports, hitlériens et communistes [ont combattu] ensemble la social-démocratie, accusée de part et d’autre de trahison à l’égard de la classe révolutionnaire ; ni qu’après les élections du 6 novembre les hitlériens ont dû démentir le bruit qui courait d’un gouvernement de coalition des partis national-socialiste et communiste. Tout ce qu’on trouve à dire à ce sujet, c’est que cette propagande est démagogique. Et il est bien évident qu’elle est démagogique ; mais c’est là une appréciation, non une explication. Expliquer un mouvement politique par la démagogie, c’est raisonner comme Voltaire, qui expliquait la religion comme une savante duperie inventée par les prêtres pour exploiter les fidèles. Un matérialiste doit chercher ce qui, dans les bases économiques du mouvement, rend possible cette orientation démagogique. De même le programme du mouvement national-socialiste, comportant une économie fermée, dirigée souverainement par l’État conformément à un plan, est quelque chose de nouveau, qui ne ressemble à aucun programme d’aucun mouvement politique d’avant-guerre. Ici encore, ce n’est pas expliquer ce programme que dire que c’est un simple programme d’agitation, impossible à réaliser. « Les idées ne tombent pas du ciel. » Les programmes non plus. L’orientation et le programme d’un mouvement politique sont déterminés, non