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Page:Weil et Chénin, Contes et récits du XIXe siècle - 1913.djvu/132

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s'étaient rués en foule sur la tente de Gavroche, avaient grimpé jusqu'au sommet, et en mordaient les mailles comme s'ils cher- chaient à percer cette zinzeliôre(l) d'un nouveau genre. Cependant le petit ne dormait pas. « Monsieur reprit-il. Hein fit Gavroche. Qu'est-ce que c'est donc que les rats? C'est des souris. » Cette explication rassura un peu l'enfant. Il avait vu dans sa vie des souris blanches et il n'en avait pas eu peur. Pourtant il éleva encore la voix «  Monsieur ? Hein? reprit Gavroche. Pourquoi n'avez-vous pas un chat ? J'en ai eu un, répondit Gavroche, j'en ai apporté un, mais ils me l'ont mangé. » Cette seconde explication défit l'oeuvre de la première, et le petit recommençaà trembler. Le dialogue entre lui et Gavroche reprit pour la quatrième fois. «  Monsieur! Hein? Qui ça qui a été mangé? Le chat. Qui a mangé le chat ? Les rats. Les souris? Oui, les rats. » L'enfant, consterné de ces souris qui mangent les chats, pour- suivit «  Monsieur, est-ce qu'elles nous mangeraient ces souris-là ? Par di 1 fit Gavroche. La terreur de l'enfant était au comble. Mais Gavroche ajouta': «  N'eïlle pas peur 1 ils ne peuvent pas entrer. Et puis je suis la Tiens, prends ma main. Tais-toi, et pionce 1» Gavroche en même temps prit la main du petit par-dessus son frère. L'enfant serra cette main contre lui et se sentit ras- suré. Le courage et la force ont de ces communications mysté- rieuses. Le silence s'était refait autour d'eux, le bruit des voix avait effrayé et éloigné les rats; au bout de quelques minutes ils eurent beau revenir et faire rage, les trois mômes, plongés dans le sommeil, n'entendaient plus rien. Les heures de la nuit s'écoulèrent. L'ombre couvrait l'im- mense place de la Bastille, un vent d'hiver qui se mêlait à la pluie soufflait par bouffées, les patrouilles furetaient les portes, les allées, les enclos, les coins obscurs, et, cherchant les vaga- 1, Zinseliùre mot d'origino itàlionno ot qui désigne une sorte do moustiquaire.