Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/166

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Le géant mulâtre n’en fut pas trop déconcerté. Il étonnait l’armée d’Égypte par son audace, par sa fantaisie et ses enfances dans l’audace, comme il avait précédemment étonné l’armée d’Italie. On l’avait surnommé, au camp, l’Horatius Coclès de la République française ; et, de fait, sur le pont de Brixen, seul, il avait arrêté et mis en désordre un gros de cavalerie autrichienne ; exploit plus certifié que celui de Coclès.

Ainsi le général Dumas offre d’avance la parfaite image de Porthos, d’Artagnan, Harmental, Buridan. Contemporain des grandes guerres, le père a pu dégager en hauts faits effectifs le preux qui était en lui ; venu dans un temps fade, le fils a épanché sur le papier le sang de paladin qui tourmentait ses veines. Ce n’est pas que lui aussi n’ait été, par ci, par là, mousquetaire réel. Il a eu ses duels. Il était passé maître dans tous les exercices du corps. Je note que sa dernière passion, dans un âge avancé, a été un rêve flamboyant de centaure pour un beau corps d’amazone étalé et sanglé sur la croupe d’un cheval sauvage. D’ailleurs, Dumas a fait la révolution de Juillet à lui tout seul, s’il faut l’en croire. Un jour, chez sa plus constante amie, l’excellente et spirituelle Guyet-Desfontaines, je l’ai entendu conter comment il avait pris Naples en 1860 ; il confessait que, cette fois, il n’était pas seul ; ils