Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/217

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bien que, malgré son adresse et son esprit de ressources, le détective ne parvient à se saisir de la personne de Philéas Fogg, ni à Bombay ni à Calcutta, ni à Hong-Kong. Diverses procédures et divers contre-temps l’en empêchent. Il n’en cause pas moins beaucoup d’embarras et de retards à Fogg, sans compter les difficultés et les lenteurs qui naissent naturellement des phases diverses d’une course à travers tant de peuples, de villes et de mœurs. En définitive, Philéas Fogg, qui, pour gagner son pari, doit être à Londres au Reform Club, le samedi 21 décembre à huit heures quarante-cinq minutes du soir, n’arrive en gare de destination par un train spécial, commandé à Liverpool, qu’à neuf heures moins dix. Faute d’un quart d’heure, il a perdu son pari, gagé sur la moitié de sa fortune ; il a dépensé l’autre moitié en voyage ; il est ruiné ; c’est du moins ce qu’il croit en consultant sa montre et l’exact mémorial quotidien qu’il a tenu de son voyage. Seulement, il n’a pas calculé la différence des heures et des jours aux différents méridiens, qui de Londres par Douvres à Londres, par Liverpool, en passant par Brindisi, Shanghaï, San-Francisco et New- York, a allongé son calendrier, sinon sa vie réelle de vingt-quatre heures. C’est le vendredi au méridien de Greenwich et non le samedi, comme le lui indiquait le compte de son agenda,