Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/231

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— ce Gentil est, je suppose, le Gentil de Chavagnac, mort en 1846, qui avait écrit en 1817, avec Désaugiers, sous le titre les Petites Danaïdes, une parodie, restée fameuse, de l’opéra classique — je ne sais si Gentil s’est écrié après la représentation d’Henri III : Racine est un polisson. Probablement non, encore. Il n’en est pas moins vrai que les romantiques, les gens du cortège de Dumas et du cénacle de Victor Hugo, étaient lancés, en 1829, à toute bride vers la formule : Racine polisson. Dumas lui-même raconte, dans ses Mémoires[1] qu’Émile Deschamps, sortant de la lecture de Marion Delorme au comité et avisant l’affiche du jour du Théâtre-Français, Émile Deschamps, que nous avons connu dans sa vieillesse si mesuré et d’un goût si fin, haussa les épaules, se tourna vers les gens de la coterie et s’écria avec compassion : « Et ils vont jouer Britannicus ! » Dumas ajoute : « Personne de nous, aujourd’hui, pas même Émile Deschamps, n’avouerait avoir dit ce mot. Et moi je déclare que nous l’eussions tous dit en 1829. » Habemus confitentem ! Ce n’était pas seulement l’imagination publique, c’était aussi la conscience et la divination publiques qui mettait à la charge de la nouvelle école le sacrilège : Racine polisson par lequel se peignaient si bien et

  1. Cinquième série. Chapitre 131. Paris, Michel Lévy, 1867.