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de vie parisienne, très malin en sa bonhomie, prosateur très raiffiné en sa crudité, poète inspiré et de franche verve, quand il chante sa maîtresse, les gueux et son toutou.

Il est bien d’autres façons périlleuses de transgresser les lois du drame. On pèche également contre ces lois lorsqu’on étend et délaie outre mesure la donnée fondamentale et lorsqu’on y associe sans l’y fondre quelque autre donnée, lorsqu’on ne varie pas le sujet d’assez d’épisodes, là où le sujet le comporte et lorsque les épisodes qu’on jette en passant dans la tragédie sont par eux-mêmes si violents, si terribles, si concluants, que le dénouement de la tragédie ne pourra rien nous apporter de plus tragique. Un thème dramatique est un germe d’où l’auteur ne doit pas plus tirer trois ou quatre drames différents et discordants qu’un propriétaire sensé n’essaye de tirer une grappe de raisins d’un abricotier, ou ne suspend des artichauts à un platane pour se persuader que le platane produit naturellement l’artichaut.

Nous avons eu, cette saison, plusieurs modèles achevés d’un genre de composition qu’on pourrait définir le drame bicéphale et polycéphale. Tel de ces drames n’a pas tenu l’affiche de la Gaîté plus de quelques jours ; tel autre a fourni au Gymnase une carrière longue et fructueuse ; c’est ce qui prouve