Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/287

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Combien de fois est-il arrivé, depuis Plaute, que l’argument des Ménechmes a été repris pour le théâtre ? qui le pourrait dire ? Qui peut se vanter de connaître la masse innombrable des pièces espagnoles et italiennes aux xvie, xviie et xviiie siècles ? La Harpe nous apprend qu’à Paris le répertoire de la comédie italienne contenait trois pièces sur le sujet des Ménechmes ; il n’énonce pas les titres. À nous borner aux connaissances courantes, le théâtre a produit, depuis les Ménechmes de Plaute, trois ouvrages saillants ou notables dont la ressemblance accomplie de deux frères jumeaux est le thème générateur et qui, tous trois, procèdent de Plaute. Ces trois ouvrages sont : la Comédie des méprises, de Shakspeare, représentée entre 1589 et 1594 ; les Ménechmes de Rotrou (1632) et les Ménechmes de Regnard (1705). Des trois, un seul s’attache à suivre et à reproduire la contexture de la pièce de Plaute, mais avec une transformation morale marquée des principaux personnages. C’est la pièce de Rotrou. Quant aux Ménechmes de Regnard et à la Comédie des méprises de Shakspeare, ils ne ressemblent pas plus aux Ménechmes de Plaute qu’ils ne se ressemblent entre eux. Regnard et Shakspeare se sont servis de la pièce de Plaute sans doute. Supposons cependant que les Ménechmes du poète latin eussent péri et que nous n’en eussions conservé que le pro-