Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/292

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Ce qu’on ne saurait trop admirer ici, — j’en demande pardon à La Harpe et à Horace qui n’a pas non plus trop bien traité Plaute — c’est le choix des détails et des hallucinations par où Plaute exprime la folie ; à gauche, cette chienne enragée que voit Ménechme ; à droite, « ce bouc qui a perdu plus d’un citoyen innocent par ses faux témoignages » ; Ménechme annonce qu’il va crever les yeux à la femme de Sosiclès et les lui brûler, briser les os, les articulations et les membres du beau-père, arracher ses entrailles. Une grêle d’adjectifs pittoresques et retentissants tombent sur la tête du beau-père, ignavissimum, barbatum, tremulum, olentem, edentulum. Les mots, les sons, les phrases, deviennent une clameur de corybante ; ils dansent, dans la bouche de Ménechme, une bacchanale effrénée.


… Ecce Apollo mi ex oraculo imperat
Ut illi oculos exuram lampadibus ardentibus…
.................
Securim capiam ancipitem atque hunc senem
Exossabo, dein delobabo adsulatim viscera ?


Est-ce que je me trompe ? Est-ce que ces vocables tympanisants lampadibus ardentibus, exossabo, dein delobabo, ne sont pas l’harmonie initiative de la folie ? Pour goûter Plaute, il faut voir ce que devient avec Rotrou cette scène de sabbat comique.