Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/291

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effrayante incorrigibilité de la nature humaine ! — cela est de toujours. Le médecin interroge le malade supposé :


« Répondez à ma question. Buvez-vous du vin blanc ou du vin rouge ? — Ménechme : La peste soit de vous ! — Le beau-père : Par ma foi ! Le voilà qui commence à délirer ! — Le médecin : Dites-moi ! vos yeux deviennent-ils durs habituellement ?… Dites-moi ! entendez-vous quelquefois vos entrailles faire glouglou ?… Dormez-vous d’un trait jusqu’au jour ? Une fois couché, vous endormez-vous facilement ? etc. etc. »


Ménechme, vous pensez bien, envoie le médecin au diable, en l’accompagnant des imprécations les plus violentes et les plus colorées. Le délire est évident ; et on enlève Ménechme pour le transporter dans la maison de l’homme de l’art. Cette scène serait unique par l’expression de la vérité, si Molière ne s’était avisé de la refaire dans Monsieur de Pourceaugnac et n’avait éclipsé Plaute à jamais. Mais Molière n’a pas refait la scène où Ménechme Sosiclès, ne sachant comment se débarrasser de la femme de Ménechme Éreptus, feint tout à coup d’être saisi d’un accès de folie furieuse.


Evoe, evoe. Bromie, quo me in silvam venatum vocas.