Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/64

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un personnage de conte oriental qui trouve toujours un million à sa disposition, à la minute précise où le besoin s’en fait sentir. Le million, le million quand même, le million tout de suite, voilà ce qui flotte dans le fin brouillard de Paris pour les demi-fous et les demi-folles qui en battent le pavé ; c’est le million qu’attrape sans peine et dépose dans le coffre de ses cent nouvelles nouvelles le Parisien Claudin. Aussi, son héros typique est-il son Diomède. L’air du boulevard est le hachisch délirant d’où naissent ces sortes de figures, Diomède ou Dantès. Le Diomède de M. Claudin est tout ensemble savant en toutes sortes de sciences, comme était notre regretté collaborateur Dottain, pénétré et enivré de grande philosophie, d’histoire et de poésie comme Montégut et Paul Bourget, psychologue raffiné et superbe comme Barbey d’Aurevilly, opulent comme Bichoffsheim doublé du baron Hirsch, beau comme Endymion, élégant comme Brummel, fécond en fantaisies comme Caderousse, etc., etc. Toutes les femmes sont à ses pieds, les duchesses et les coryphées, les Lucrèces et les Benoiton. Il épuise la coupe de la vie en quatre ou cinq ans, et il va finir à la Trappe. Tout cela n’est pas d’une objectivité bien solide ; mais bon ! cela fait toujours passer une heure ou deux. Parmi ces scènes, beaucoup de détails pourtant qui sont la vérité de Paris. De temps