Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/83

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par une différence insensible de dialecte ! En Belgique, sur ce prolongement de la plaine gauloise et du coteau gaulois, dont le nom d’origine est Gaule belgique, notre zèle aveugle pour le principe des nationalités — car c’est nous surtout Français qui, de 1860 à 1870, avons inventé, vivifié, propagé, exagéré le prétendu principe des nationalités pour l’opposer à la vieille idée, qui nous était si propice, de nation et d’État, — notre zèle de dix années pour une chimère funeste a fini par éveiller et par aiguiser l’antithèse endormie du Flamand et du Wallon ; le Flamand est parti en guerre, et c’est le Wallon, notre camarade de langue, qui perd du terrain. La grande et riche ville d’Anvers, qui doit son autonomie à nos soldats, échappe de plus en plus à notre langue. Bientôt peut-être le voyageur français n’y sera plus qu’un Barbare errant parmi des Barbares ; tant le parler flamand et le parler allemand y envahissent avec rapidité la rue et la place publique. Deux théâtres se partagent encore à Anvers les spectateurs : l’un, qui date de 1834, modeste en ses dehors, ayant à peine l’aspect monumental, situé et presque caché dans une des rues les plus somnolentes de la ville ; l’autre, qui a été construit de 1869 à 1872, superbe, étalé, d’une architecture à la fois légère et magnifique, placé au carrefour de deux belles voies, sur un point vivant