Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/84

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et tumultueux. Le premier, le Théâtre-Royal, est l’asile laissé à la langue française. Le second, le Schowburg, est le théâtre flamand, ou, comme dirait M. le directeur de la troupe germanique de La Haye, le théâtre bas-allemand. Le Théâtre-Royal lutte du mieux qu’il peut. J’ai vu d’honnêtes mères y conduire leurs filles pour leur faire suivre avec confiance sur le livret la représentation de l’opérette les Mousquetaires au couvent, qui n’est pas absolument une pièce à l’usage des jeunes personnes ; je n’ai pas été scandalisé ; je n’ai pas eu envie de sourire. Le livret des Mousquetaires ! Il sauvait, ce soir-là, une épave, une parcelle, si peu que ce soit, de la patrie parmi les Vlèmes.

Partez donc, comédiens de notre pays ; partez, belles comédiennes. Partez, charmants missionnaires de notre esprit et de nos mœurs. Nos vœux vous accompagnent. Cueillez partout des couronnes. Puisse le Wallon vous admirer dans Namur et la Romande au regard réfléchi vous applaudir à Lausanne ! Que Turin et Gênes vous acclament ! Soumettez-nous le Belt et le Zuyderzée ! Partez, courez, volez ! Là où vous êtes, là est la langue française, là est la France.