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Page:Wells - Les pirates de la mer et autres nouvelles, trad Davray, 1902.djvu/102

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les pirates de la mer

était très blanche et belle. En maints endroits du monde, on vit, cette nuit-là, un halo pâle qui l’encerclait. Elle devenait visiblement plus grande ; dans le ciel clair et réfractif des Tropiques, elle paraissait avoir près du quart des dimensions de la Lune. Il gelait encore en Angleterre, mais le monde était aussi brillamment illuminé que par un clair de lune d’été. On y voyait assez, avec cette froide et claire lumière, pour lire une impression tout à fait ordinaire, et, dans les cités, les lampes brûlaient, jaunes et blêmes.

Par tout le monde, on veilla cette nuit-là ; par toute la chrétienté, un morne murmure flotta dans l’air vif des campagnes, comme le bourdonnement des abeilles dans la bruyère, et ce tumultueux murmure croissait en clameur dans les cités. C’était le son des cloches d’un million de beffrois, de tours et de clochers, mandant aux peuples de ne plus dormir, mais de se rassembler dans les églises et de prier. Et dans le ciel, tandis que la nuit passait et que la terre poursuivait sa route, plus large et plus claire montait l’étoile éblouissante.

Les rues et les maisons étaient éclairées dans toutes les villes ; les chantiers et les docks ruisselaient de clarté, et toutes les routes dans l’intérieur des continents étaient tout au long de la nuit encombrées de gens et de lumière. Sur toutes les mers qui entourent les contrées civilisées, les paquebots aux