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l’étoile

dans les terres basses, entraînèrent des troncs d’arbres tournoyants et des cadavres d’hommes et d’animaux. Les eaux montaient sûrement et constamment sous la clarté lugubre et se déversaient pardessus les rives, poursuivant dans les vallées les populations qui s’enfuyaient.

Au long des côtes extrêmes de l’Amérique du Sud et dans l’Atlantique australe, les marées furent si hautes qu’aucune mémoire d’homme ne se souvenait de semblables, et la tempête lança les eaux, en maints endroits, à des vingtaines de milles dans l’intérieur du pays, submergeant des villes entières. Si grande devint la chaleur, pendant cette nuit, que le lever du soleil sembla la venue d’un peu d’ombre. Les tremblements de terre commencèrent et ne cessèrent d’augmenter. Bientôt, dans toute l’Amérique, depuis le Cercle arctique jusqu’au cap Horn, les flancs des montagnes se mirent à chanceler et à glisser, des gouffres s’ouvrirent, les murs et les maisons s’écroulèrent. Tout un versant du Cotopaxi s’effondra en une vaste convulsion et un tumulte de lave jaillit si haut, si large, si rapide et si liquide qu’en un seul jour il atteignit la mer.

Ainsi l’étoile, avec la lune hâve dans son sillage, traversa le Pacifique, traînant derrière elle, comme les pans flottants d’une robe, l’ouragan et la vague énorme qui s’augmentait en sa marche pénible, écumante et impatiente, et se précipitait sur les