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les pirates de la mer

lacées, les extrémités des tentacules apparurent vaguement dans les ondulations des vagues.

L’un d’eux s’avança hardiment jusqu’au bord du bateau et, s’y cramponnant par trois de ses tentacules à suçoirs, il en lança quatre autres par-dessus le plat-bord comme avec l’intention de chavirer le bateau ou d’y grimper. M. Fison s’empara de suite d’une gaffe et, frappant furieusement sur les tentacules mous, il les obligea à céder. Il fut heurté dans le dos et presque culbuté par-dessus bord par le matelot qui se servait de son aviron pour résister à une attaque semblable de l’autre côté de l’embarcation. Mais les tentacules lâchèrent immédiatement prise, glissèrent hors de vue et s’enfoncèrent dans l’eau.

— Il vaut mieux nous tirer de là, bien vite, — dit M. Fison qui tremblait violemment. Il s’installa à la barre, tandis que le matelot et l’un des ouvriers s’asseyaient pour ramer. L’autre ouvrier resta debout à l’avant de la barque, tenant la gaffe et prêt à frapper le premier tentacule qui paraîtrait. Rien d’autre ne semble avoir été dit. M. Fison avait exprimé le sentiment commun. En silence et avec effroi, la face pâle et contractée, ils se mirent en devoir de s’échapper de la position dans laquelle ils s’étaient si étourdiment engagés.

Mais les avirons avaient à peine atteint la surface de l’eau que des espèces de cordes noirâtres,