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les pirates de la mer

effilées, tortueuses, se liaient à eux et immobilisaient le gouvernail, puis les suçoirs réapparurent s’agrafant aux flancs de la barque. Les rameurs empoignèrent leurs avirons et les tirèrent, mais c’était aussi inutile que d’essayer de mouvoir un bateau sur un train d’herbes flottantes.

— À l’aide ! — cria le matelot, et M. Fison et le second ouvrier se précipitèrent pour retenir l’aviron.

Celui qui tenait la gaffe se leva en jurant et se mit à frapper, aussi loin qu’il le pouvait sur le flanc de la barque, la masse de tentacules qui s’attachaient à la quille. En même temps, les deux rameurs se levèrent aussi, afin d’avoir plus de prise pour dégager leurs avirons. Le matelot abandonna le sien à M. Fison qui tirait dessus désespérément et il ouvrit un grand couteau de poche, avec lequel, penché sur le bord du bateau, il se mit à entailler les appendices qui s’enroulaient autour de son aviron.

M. Fison, chancelant à cause du balancement et des secousses de l’embarcation, les dents serrées, la respiration courte, les veines de ses mains gonflées dans l’effort pour retenir l’aviron, porta soudain ses regards sur la mer. Là, à moins de cinquante mètres, à travers les longs flots de la marée montante, venait vers eux une grande barque dans laquelle se trouvaient trois femmes et un petit enfant. Un matelot ramait et un petit homme coiffé d’un chapeau de paille à ruban rose et tout vêtu