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les pirates de la mer

geant l’inclinaison de ses ailes, il regagne son altitude première. Ceux même qui n’ont vu des oiseaux que dans une volière savent cela.

Mais l’oiseau pratique cet art depuis le moment où il quitte le nid. Il possède non seulement un appareil parfait, mais aussi l’instinct parfait de s’en servir. Un homme qui n’est plus sur ses pieds n’est qu’un piètre équilibriste. Même le simple artifice de la bicyclette lui coûte plusieurs heures d’efforts. L’ajustement instantané des ailes, la rapide mise à profit d’une brise passagère, la reprise immédiate de l’équilibre, les mouvements vertigineux et tourbillonnants que réclame une aussi absolue précision, il lui faut apprendre tout cela, l’apprendre avec une peine et un danger infinis s’il doit jamais acquérir l’art de voler.

La Machine Volante qui se mettra en route, un beau matin, dirigée par de jolis petits leviers, avec un pont comme celui d’un cuirassé et chargé d’obusiers et de canons est le rêve facile d’un fou ou d’un homme de lettres. Le coût de la conquête de l’empire de l’air excédera, en vies et en argent, tout ce que l’homme a dépensé pour la magnifique conquête de la mer. À coup sûr, il faudra plus de sacrifices que n’en a jamais exigé la pire des guerres qui ont dévasté le monde.

Personne ne savait ces choses mieux que ces deux hommes pratiques et ils savaient aussi qu’ils se