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Page:Wells - Les pirates de la mer et autres nouvelles, trad Davray, 1902.djvu/198

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les pirates de la mer

trouvait. Je posai le chandelier sur le plancher de l’alcôve et le laissai dans cette position.

À ce moment j’étais dans un état extraordinaire de nervosité, bien que ma raison ne pût s’en expliquer la cause. J’avançais, sans la moindre preuve, que rien de surnaturel ne pouvait arriver et, pour passer le temps, je me mis à rimailler la légende originale du château. Je déclamai quelques vers à haute voix, mais les échos m’en furent désagréables. Pour la même raison, j’abandonnai aussi au bout de peu de temps une conversation avec moi-même sur l’impossibilité des fantômes et des revenants. Je me représentai à nouveau les trois vieux estropiés de la loge et j’essayai de m’intéresser à leur sujet. Les noirs et les rouges sombres de la chambre me troublaient. Même avec les sept bougies allumées, la salle était encore obscure. Celle de l’alcôve se trouvait dans un courant d’air et les mouvements de la flamme faisaient sans cesse sautiller et danser les ombres et la pénombre. En cherchant à remédier à ces ténèbres, je me souvins des bougies que j’avais vues dans les candélabres du passage et, avec un léger effort, je sortis dans le clair de lune portant un bougeoir allumé, laissant la porte ouverte, et bientôt je revins avec dix autres bougies. Je les plaçai dans les bibelots de porcelaine qui ornaient la chambre, ici et là, je les allumai et les disposai dans les endroits où l’obscurité était la