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les pirates de la mer

prit l’ethnologue quelque peu irrité. — Comment leur avez-vous joué ce tour-là ?

Le lieutenant garda le silence et, toujours souriant, se renversa dans son fauteuil.

— Voici donc que j’ai fait un détour de cinq cents kilomètres pour recueillir le folk-lore que ces gens ont pu conserver, avant qu’ils ne soient complètement démoralisés par les missionnaires et les militaires, et je ne trouve qu’un tas de légendes impossibles au sujet d’un diable de petit lieutenant d’infanterie à tête rousse. Comment il est invulnérable, comment il peut sauter par-dessus les éléphants, comment il peut voler ! Et bien d’autres sottises ! Un respectable vieillard m’a décrit vos ailes disant qu’elles étaient d’un plumage noir, mais pas tout à fait aussi long qu’une mule. Il prétend qu’il vous a vu souvent au clair de lune voltiger au-dessus des collines vers le pays de Shendon. Que le diable vous emporte !…

Le lieutenant éclata de rire gaiement.

— Continuez, — dit-il, — continuez…

L’ethnologue continua jusqu’à ce qu’il en eût assez.

— En faire accroire pareillement à ces enfants des montagnes encore ingénus ! Comment avez-vous pu faire cela ?

— J’en suis très fâché, — dit le lieutenant, — mais vraiment j’y fus bien obligé. Je puis vous