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les pirates de la mer

par-dessous et mourut à vingt mètres du gouvernail.

Dans son agonie, il rejeta un certain nombre de gros objets. Le prince, se rendant vaguement compte de leur étrangeté et de leur importance, put, par un heureux expédient, s’en emparer avant qu’ils n’eussent coulé à fond. Il mit ses hélices en mouvement, et ces objets bizarres demeurèrent dans les tourbillons ainsi formés jusqu’à ce qu’une chaloupe fût mise à la mer. C’étaient des céphalopodes entiers, et des fragments de céphalopodes, quelques-uns de proportions gigantesques et presque tous inconnus de la science.

Il semble vraiment que ces grandes et agiles créatures, vivant dans les profondeurs moyennes de la mer, doivent presque absolument rester pour toujours inconnues, puisque dans l’eau elles sont assez alertes pour échapper aux filets et que ce n’est que par des accidents, aussi rares qu’inespérés, que des spécimens peuvent être obtenus. De l’Haploteuthis ferox, par exemple, on ignore complètement les mœurs, aussi complètement qu’on ignore les itinéraires du hareng et du saumon à l’époque du frai. Les zoologistes ne savent aucunement de quelle façon expliquer sa soudaine apparition sur nos côtes. Peut-être était-ce l’élan d’une migration due à la faim qui les amena à quitter leurs profondeurs. Mais il vaut mieux sans doute