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Page:Wells - Les pirates de la mer et autres nouvelles, trad Davray, 1902.djvu/71

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l’œuf de cristal

environs de trois heures, vers la fin d’août, le hasard l’amena dans la boutique.

Encombrée, poussiéreuse et sale, la pièce était impénétrablement sombre, sauf en un endroit où il aperçut une clarté insolite. En approchant, il découvrit que c’était l’œuf de cristal, dans le coin du comptoir, près de la vitrine. Un mince rayon pénétrait par une fente des volets, frappait l’objet, et semblait, pour ainsi dire, en emplir entièrement l’intérieur.

M. Cave pensa que cela n’était pas d’accord avec les lois de l’optique telles qu’il se les rappelait. Il pouvait comprendre des rayons réfractés par le cristal jusqu’à un foyer intérieur, mais cette diffusion dérangeait ses conceptions des phénomènes physiques. Il approcha très près de l’œuf de cristal, l’examinant en tous sens avec un soudain réveil de cette curiosité scientifique qui, dans sa jeunesse, avait déterminé le choix de sa profession. Il fut surpris de trouver que la lumière n’était pas constante, mais se mêlait à la substance intérieure de l’œuf, comme si l’objet eût été une sphère creuse emplie de quelque vapeur lumineuse. En tournant autour pour la voir sous tous ses aspects, il s’aperçut tout à coup qu’il se trouvait entre le rayon et l’œuf, et que le cristal, néanmoins, demeurait lumineux. Grandement étonné, il le prit et l’emporta dans le coin le plus sombre de la boutique. Il resta