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les pirates de la mer

brillant pendant quatre ou cinq minutes, puis il ternit lentement et s’éteignit. Il le replaça sous le mince trait de lumière où il reprit presque immédiatement toute sa clarté.

Jusqu’ici, tout au moins, M. Wace put par la suite vérifier la remarquable histoire de M. Cave. Il a lui-même, à diverses reprises, tenu le cristal sous un rayon de lumière (qui devait être d’un diamètre moindre qu’un millimètre), et dans l’obscurité parfaite, telle qu’elle pouvait être produite par une enveloppe de velours, le cristal paraissait sans aucun doute très faiblement phosphorescent. Il pouvait sembler, cependant, que cette clarté fût de quelque exceptionnelle sorte et pas également visible pour tous les yeux, car M. Harbinger — dont le nom est familier à tout lecteur scientifique — fut absolument incapable d’y voir la moindre lumière. Et la propre capacité de vision de M. Wace était hors de comparaison inférieure à celle de M. Cave. Même pour M. Cave, ce pouvoir variait considérablement : sa vision étant la plus vive dans ses moments d’extrême faiblesse et de grande fatigue.

Or, dès le début, cette lumière dans l’œuf de cristal exerça sur M. Cave une curieuse fascination. Ce fait qu’il ne fit part à aucun être humain de ses curieuses observations en dit plus sur l’isolement de son âme que tout un volume de phrases pathétiques ne pourrait le faire. Il semble qu’il ait vécu