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l’œuf de cristal

voyait à M. Wace. La terrasse surplombait un fourré de la plus agréable et luxuriante végétation, au delà duquel se trouvait une large pelouse verdoyante sur laquelle reposaient certaines grandes créatures, en forme de scarabées, mais énormément plus grosses. Au delà de cette pelouse était une chaussée de pierre rosâtre richement décorée, et au delà encore, bordée d’épais roseaux rouges et remontant la vallée exactement parallèle avec les lointains rochers, s’étalait une vaste et miroitante étendue d’eau. L’air semblait plein de bataillons de grands oiseaux manœuvrant en courbes majestueuses et, sur l’autre bord de la rivière, s’élevait une multitude d’édifices, richement colorés et étincelants de réseaux et de facettes métalliques, au milieu d’une forêt d’arbres moussus et couverts de lichens. Tout à coup, quelque chose sembla fouetter à coups répétés au travers de la vision, comme le battement d’une aile ou d’un éventail couvert de joyaux, et une figure, ou plutôt la partie supérieure d’une figure avec de larges yeux s’approcha pour ainsi dire contre la sienne, comme si elle se fût trouvée de l’autre côté de l’œuf de cristal. M. Cave fut si effrayé et si frappé de l’absolue réalité de ces yeux, qu’il fit un brusque mouvement de la tête pour regarder derrière le cristal. Il s’était tellement absorbé dans sa contemplation qu’il fut très surpris de se retrouver dans la fraîche obscurité de