Aller au contenu

Page:Wells Ile du Docteur Moreau 1896.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
91
l’île du docteur moreau

rures faites par les épines. Quelque chose semblait le rendre perplexe. Ses yeux revinrent à mes mains. Il étendit une des siennes et compta lentement ses doigts :

— Un, deux, trois, quatre, cinq, — eh ?

Je ne compris pas alors ce qu’il voulait dire. Plus tard je trouvai qu’un certain nombre de ces bipèdes avaient des mains mal formées, auxquelles, parfois il manquait jusqu’à trois doigts. Mais, m’imaginant que cela était un signe de bienvenue, je répondis par le même geste. Il grimaça avec la plus parfaite satisfaction. Alors son regard furtif et rapide m’examina de nouveau. Il eut un vif mouvement de recul et disparut ; les branches de fougères qu’il avait tenues écartées se rejoignirent.

Je fis quelques pas dans le fourré pour le suivre, et fus étonné de le voir se balancer joyeusement, suspendu par un long bras maigre à une poignée de lianes qui tombaient des branches plus élevées. Il me tournait le dos.

— Eh ! bien ? prononçai-je.

Il sauta à terre en tournant sur lui-même, et me fit face.

— Dites-moi, lui demandai-je, où je pourrais trouver quelque chose à manger.