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l’île du docteur moreau

sentier foulé. La chasse se continua ainsi pendant peut-être un quart de mille, puis s’enfonça dans un épais fourré qui retarda grandement nos mouvements, bien que nous avancions en troupe — les ramilles nous fouettaient le visage, des lianes nous attrapaient sous le menton et s’emmêlaient dans nos chevilles, des plantes épineuses enfonçaient leurs piquants dans nos vêtements et dans nos chairs et les déchiraient.

— Il a fait tout ce chemin à quatre pattes, dit Moreau, qui était maintenant juste devant moi.

— Nul n’échappe ! me cria le Loup-Ours surexcité par la poursuite.

Nous débouchâmes de nouveau parmi les roches, et nous aperçûmes la bête courant légèrement à quatre pattes et grognant après nous par-dessus son épaule. À sa vue toute la tribu des Loups hurla de plaisir. La bête était encore vêtue et, dans la distance, sa figure paraissait encore humaine, mais la démarche de ses quatre membres était toute féline et le souple affaissement de ses épaules était distinctement celui d’une bête traquée. Elle bondit par-dessus un groupe de buissons épineux à fleurs jaunes et disparut. M’ling était à mi-chemin entre la proie et nous.