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l’île du docteur moreau

La plupart des poursuivants avaient maintenant perdu la rapidité première de la chasse et avaient fini par prendre une allure plus régulière et plus allongée. En traversant un espace découvert je vis que la poursuite s’échelonnait maintenant en une longue ligne. L’Hyène-Porc courait toujours à mes côtés, m’épiant sans cesse et faisant de temps à autre grimacer son museau en un ricanement menaçant.

À l’extrémité des rochers, l’Homme-Léopard se rendit compte qu’il allait droit vers le promontoire sur lequel il m’avait pourchassé le soir de mon arrivée, et il fit un détour, dans les broussailles, pour revenir sur ses pas. Mais Montgomery avait vu la manœuvre et l’obligea à tourner de nouveau.

Ainsi, pantelant, trébuchant dans les rochers, déchiré par les ronces, culbutant dans les fougères et les roseaux, j’aidais à poursuivre l’Homme-Léopard, qui avait transgressé la Loi, et l’Hyène-Porc, avec son ricanement sauvage, courait à mes côtés. Je continuais, chancelant, la tête vacillante, le cœur battant à grands coups contre mes côtes, épuisé presque, et n’osant cependant pas perdre de vue la chasse, de peur de rester seul avec cet horrible compagnon. Je courais quand même, en dépit de