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l’île du docteur moreau

— Es-tu celui que j’ai rencontré sur le rivage ? questionnai-je.

— Le même, Maître.

Je pouvais évidemment me fier à la bête, car elle aurait pu m’attaquer tandis que je dormais.

— C’est bien, dis-je, en lui laissant lécher ma main.

Je commençais à mieux comprendre ce que sa présence signifiait et tout mon courage me revint.

— Où sont les autres ? demandai-je.

— Ils sont fous, ils sont insensés, affirma l’Homme-Chien. Maintenant ils causent ensemble là-bas. Ils disent : le Maître est mort ; l’Autre avec le Fouet est mort ; l’Autre qui marchait dans la mer est… comme nous sommes. Nous n’avons plus ni Maître, ni Fouets, ni Maison de Douleur. C’est la fin. Nous aimons la Loi et nous l’observerons ; mais il n’y aura plus jamais, ni Maître, ni Fouets, jamais. Voilà ce qu’ils disent. Mais moi, Maître, je sais, je sais.

J’étendis la main dans l’obscurité et caressai la tête de l’Homme-Chien.

— C’est bien, acquiesçai-je encore.

— Bientôt, tu les tueras tous, dit l’Homme-Chien.