Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/110

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Trop souvent obligé de feindre
Un bonheur qu’il n’a point connu,
Il est quelquefois plus à plaindre
Qu’un mendiant infirme et nu.

Qu’importe que sa table étale
Tous les vins des plus doux climats,
Tous les mets qu’une main royale
Prodigue au jour des grands repas !

Que les salons d’or de ses pères
Où tous les passants sont admis,
Regorgent, dans ses jours prospères,
De flatteurs masqués en amis !

Qu’un essaim de folles maîtresses
Trop habiles dans l’art d’aimer,
Se dispute avec ses largesses
Le vain pouvoir de le charmer !

Tout l’or qu’il se plaît à répandre
Pour inventer de faux plaisirs,
Retombe tôt ou tard en cendre
Sur son cœur mort et sans désirs.

N’en croyez donc pas ceux qui disent
Que le riche seul est heureux ;
Un jour la haine qu’ils attisent,
Peut vous dévorer avec eux.