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Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/111

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Si vous saviez dans vos chaumières
Combien de tourments et de maux
Habitent sous les tours altières
Des palais même et des châteaux ;

Si le hasard d’une nuit sombre
Vous menait jusqu’aux murs dorés,
Qui souvent cachent dans leur ombre
Tant d’amers chagrins ignorés ;

Si la haute et splendide grille,
En s’ouvrant, livrait à vos pas
L’obscur foyer de la famille,
Triste encor de récents débats ;

Si vous pouviez compter les larmes
Tombant sur l’or et le velours,
Sur la pourpre brodée aux armes
Des hommes puissants de nos jours ;

Si l’écho gémissant des salles
Vous redisait chaque soupir
Que le marbre glacé des dalles
N’entendit pas sans tressaillir ;

Ah ! vous refuseriez peut-être
D’échanger votre pauvreté
Contre tous les trésors d’un maître
Trop vain de sa prospérité ;