Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/123

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Pour renaître plus purs, revivre moins informes,
Servir l’homme étonné sous de plus nobles formes,
Et le rendre plus fort !

Toi dont le souille ardent disperse dans l’espace
L’encens que l’Industrie offre à la Liberté,
Jadis une autre tour s’élevait à la place
Où grandit maintenant ta jeune royauté :
Tour où de hauts barons avaient bâti leur aire,
Pour fondre sur nos champs et piller les moissons
Que ces preux rapportaient à leur noble repaire,
Avec du sang aux mains et du sang aux talons ;

Tour dont jamais le pauvre, à l’heure où tout est sombre,
N’osait, sans se signer, regarder les créneaux ;
Tour que le riche même, abrité par son ombre,
Sentait avec terreur peser sur ses châteaux ;
Tour où sonnait sans cesse un bruit plaintif de chaînes
Qui glaçait d’épouvante et le faible et le fort ;
Tour maudite, où siégeaient, dans des cours souterraines,
La rapine, le vol, la torture et la mort.

Huit siècles avaient vu, sous le choc des batailles,
S’étendre son pouvoir sur un sol désolé,
S élargir ses fossés, s’agrandir ses murailles,
Monter, de bloc en bloc, son faite crénelé ;