Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/140

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C’est bien ! il a rempli sa tâche,
Et nul, mon Père, ne viendra
Te dire : Ton fils fut un lâche.
C’est bien ! gloire à qui le suivra !

Gloire ? non, non, pitié, pitié pour tous ces hommes
Pour qui le don d’un sabre est un bienfait du ciel,
Qui, l’œil tout rayonnant, répondent : nous y sommes ;
Quand du tambour ils entendent l’appel ;

Plongent dans les combats comme au fond d’une orgie,
Et, de retour au camp sous un drapeau vainqueur,
Jettent de longs regards sur la plaine rougie
Où sous le feu s’exalta leur valeur ;

Puis tombent, égarés, sur un lit de souffrance,
Et meurent dans leur sang en se plaignant tout haut
Que le vieux général qui guida leur vaillance
Toujours au camp les ramène trop tôt.

Soldats ! pour le bonheur du monde,
Vous ne pouvez plus rien ; non, vos chefs ne sont plus
Les symboles vivants du Verbe qui féconde :
Place donc à d’autres élus !

Place ! l’humanité ne veut plus de la guerre,
Et, du sein de vos rangs troués par le canon,
Ne s’élancera plus au sommet de la terre
Charlemagne ou Napoléon.